Un Nouveau Voyage
Aux abords de la capitale dans laquelle règne un désordre indescriptible, Tollen et les autres s'arrêtent un instant sur une colline depuis laquelle ils ont une vue imprenable.
— Sylbras a réussi, dit Richan. Il règne sur le royaume.
— Ça l'occupera un moment. L'immortalité, c'est long, ironise Hélène.
— Père, demande Stesara, je me demandais si, avant de rejoindre le village du géant, l’on pouvait passer par le nôtre ? J'aimerais dire au revoir à nos amis. Ils doivent s'inquiéter pour nous.
Tollen reste silencieux.
— Bonne idée ! s'exclame Hélène. Je suis curieuse de voir à quoi ressemble votre grotte.
— Super ! s'enchante la jeune fille. On n’a jamais eu de visiteurs au village avant les soldats de Venea. Tout le monde aura beaucoup de questions à te poser, à commencer par Jonald.
— Et toi Richan ? demande Stesara au scientifique. As-tu décidé où tu voulais aller ?
— Le plus loin possible d'ici, j'imagine, répond le scientifique. Si Sylbras ou l’un de ses hommes me retrouvent, je suis mort.
— Alors venez aussi, dit Stesara. Notre montagne peut vous accueillir, j'en suis sûre.
Hélène tape sur l'épaule de Tollen.
— Pourquoi restes-tu silencieux ? demande-t-elle. As-tu oublié quelque chose ?
— On peut rentrer au village, dit Tollen. Mais combien de temps serons-nous tranquille ? Sylbras veut lancer une chasse aux non-mutants. Stesara ne sera jamais en sécurité nulle part.
— C'est toi qui voulais partir le plus loin possible, non ? demande Hélène.
— Je sais ce que j'ai dit, répond sèchement Tollen.
— C'est parce que notre village est dans les terres du royaume ? demande Stesara. Si tu estimes que c'est trop dangereux, ne faisons pas ce détour.
— Peu importe, répond Tollen. Même si le village de Brob est loin, rien n'arrêtera Sylbras. Il a le pouvoir d'étendre davantage son royaume.
— Je suis d'accord, dit Richan. Sylbras finira par dominer le monde entier. Aucun village ne sera épargné par sa chasse.
— Alors nous devons l'arrêter, décide Tollen.
Hélène se met à rire.
— Croyez-moi, il n'y a aucune façon de le tuer.
— J'en ai peut-être une, dit Richan.
Tout le monde se tourne vers le scientifique et l'écoute attentivement.
— Sa faiblesse, c'est la mutation qui le rend radioactif. On peut s'en servir pour le faire imploser.
— Mais son immortalité le fera se réassembler, dit Hélène. J'ai déjà subi quelques explosions. Ce n'est pas agréable, mais ça ne tue pas.
— Je parle là d'une explosion au niveau atomique. Si ses cellules sont capables de se régénérer, ce n'est pas le cas de ses molécules.
— Comment faire ça maintenant ? demande Tollen.
— Eh bien, il me faut construire un émetteur à proton. Les matériaux ne se trouvent pas dans tous les coins de rue.
— Un quoi ? demande Stesara.
— Peu importe, continue Richan. Je trouverais peut-être ce qu'il me faut dans la montagne de Tollen.
— Ils connaissaient même pas les lunettes de soleil, se moque Hélène. Tu penses qu'ils ont de quoi fabriquer une arme comme ça ?
— Ce qui me fait dire ça, continue Richan, c'est que tous les villageois de cette montagne ont la même mutation. J'ai lu qu'après le Human Rising, on avait regroupé plusieurs mutants de la même espèce pour les étudier dans des bunkers secrets. Votre peuple descend sans doute de l'un de ces groupes. En tout cas, c'est la seule explication que j'aie. Que disent vos croyances sur la naissance de votre montagne ?
— On raconte que ce sont nos ancêtres qui l'ont construite avant de partir sur la Lune nous apporter la nuit éternelle. Nous avons ensuite agrandi les galeries au fil du temps.
— Même si la grotte de Tollen est un bunker, dit Hélène, pourquoi penses-tu que tu y trouveras de quoi fabriquer ton arme ?
— Ces bunkers sont des bases scientifiques. Il y a forcément tout ce dont j'ai besoin.
— S'il y avait une telle technologie, explique Tollen, on l'aurait trouvée.
— Pas nécessairement. C'était forcément bien caché.
— C'est la seule piste qu'on ait, dit Stesara, autant l'explorer. Si c'est au village, on fera d'une pierre deux coups.
— Sans doute, dit Tollen, même si je suis moins impatient que toi à l'idée de rentrer au village alors qu'ils ont décidé de t'abandonner.
— Je ne leur en veux pas, explique Stesara. On est un peuple pacifique. Ils n’auraient rien pu faire contre l'armée de Venea. Je suis contente qu'aucun de nos amis n'ait péri pour essayer de me sauver.
— Reprenons la route alors, termine Hélène. C'est pas la porte à côté.
Le groupe se remet donc en marche. Le voyage aller avait duré un peu plus d'une semaine. Le retour durerait sans doute autant.
Pendant ce temps, le groupe d'humains sans mutation arrive devant un grand hangar devant lequel se tiennent cinq miliciens.
— Aldan ! s'exclame un milicien au chef de l'escorte. On savait pas si vous alliez arriver.
— Est-ce qu'il est prêt ? demande Aldan, le soldat d'élite.
Le milicien pose son regard vers l’un de ses compagnons qui ouvre alors le hangar. La grande porte coulissante révèle un bus imposant. Ses roues sont crantées ; des armatures métalliques protègent tous les côtés et un pare-buffle est monté à l'avant. Aldan jette une bourse remplie d'unités au milicien.
— Parfait, dit le milicien. C'est toujours un plaisir de faire affaire avec toi.
Aldan fait signe aux humains de monter dans le bus lorsque le milicien reprend la parole.
— Désolé, Aldan, dit-il. On est au courant de la situation dans la capitale. Il y a une sacrée récompense pour les humains que t'escortes. Tu imagines donc bien qu'on ne va pas vous laisser monter dans ce bijou.
Les miliciens sortent des armes. Cinq soldats d'élite se placent en cercle autour des humains et sortent un outil qui, une fois amorcé, se change en un grand bouclier. Les soldats restants se placent devant et dégainent à leur tour.
— Vous êtes cinq, dit Aldan. Nous sommes le double et nous faisons partie de l'élite de la garde de Venea. Penses-tu avoir une chance ?
Le milicien se met à rire et lève le bras. Quatre visées laser pointent alors le groupe d'humains cachés derrière les boucliers. Aldan lâche une bombe fumigène. Dans la confusion générale, trois soldats d'élite atteignent le toit du hangar pour y débusquer les snipers. Lorsque la fumée se dissipe, le chef de la milice est seul au milieu des cadavres de ses compagnons. Aldan s'approche alors de lui et l'égorge sans rien dire.
— Montez tous à bord, ordonne-t-il aux humains.
La tension redescend dans le cœur des non-mutants. Ils ont compris qu'ils étaient désormais sous bonne escorte et qu'avec ces soldats à leurs côtés, ils ne risquaient rien. Le groupe monte donc dans le bus, Aldan prend le volant et démarre. Trois soldats se placent sur le toit et se tiennent prêt à tirer sur quiconque viendrait ralentir le bus.
Aldan roule alors près de vingt heures, ne s'arrêtant que deux fois afin de faire le plein. Heureusement, tout est prévu, : le bus emporte avec lui suffisamment de carburant pour arriver à destination. Il y a également assez d'eau et de nourriture pour que les passagers n'aient pas à se plaindre. Tout au long du trajet, le bus traverse de nombreux paysages différents, comme des déserts ou des villes abandonnées mais ne rencontre aucun obstacle. Une route a déjà été dégagée auparavant par la Reine. Il y a bien quelques mutants qui zonent mais rien de suffisant pour diminuer l'allure du bus qui arrive donc sans encombre à sa destination : Eden.