La Vagabonde Immortelle
Bien loin de la montagne du peuple aux yeux bleus, une femme traverse un désert. Vêtue d'un poncho à capuche, abîmé par le temps, elle parvient dans les ruines d'une ancienne cité, aujourd'hui recouvertes de sable. Elle s'enfonce dans ce qu'il reste d'une tour gratte-ciel. Alors que les rayons du soleil ont de plus en plus de mal à éclairer l'intérieur, des bruits étranges se font entendre, comme des grincements de dents. La femme, arborant un léger sourire, se rapproche du tintamarre jusqu'à en apercevoir son origine : trois petits hommes, ne mesurant pas plus d'un mètre vingt, vêtus simplement d'un vieux tissu défraîchi.
— Salut les nabots, commence la femme. Je cherche un truc à me mettre sous la dent. Vous avez-ça ?
Les nains ne comprennent rien à ce que leur dit l'étrangère. Ils ne savent que grincer des dents, mais se sentant menacés, ils décident d'attaquer. Ils s'arment alors chacun d'une lance et se ruent sur l'intruse.
Celle-ci dégaine alors une épée, ou plutôt un katana, brisé puisque sa lame ne mesure plus qu'une trentaine de centimètres. Avec une grande aisance, elle tranche la gorge du premier nain avant de planter son sabre dans le cœur du second. A ce moment-là, le troisième parvient à enfoncer sa lance dans le ventre de la vagabonde. Ignorant la douleur, elle saisit son arme à deux mains et sépare la tête du nain de son corps.
— « Fais chier ! », vocifère la vagabonde, en retirant doucement la lance de son corps.
En réalité, ce n'est pas pour sa vie que cette femme s’inquiète mais plutôt pour son débardeur, maintenant tâché de sang. Sa plaie, quant à elle, s'est refermée une fois la lance extraite. Il ne reste aucune trace de sa blessure, seul du sang. L'étrangère, contrariée de s'être salie, rengaine son arme à l'horizontale dans le bas de son dos.
Les mains libres, elle peut maintenant continuer son inspection. Elle progresse dans l'immeuble en ruine jusqu'à trouver les restes du repas des nains : des rats. Le visage de la guerrière abandonne alors la colère pour faire place au dégoût. Il est hors de question qu'elle mange ça : plutôt mourir !
Ce n'est pas la première fois que la jeune femme est blessée au combat. Au début, elle hurlait de douleur mais aujourd'hui, elle s'est habituée au point de ne presque plus rien sentir. La première fois qu'elle a découvert qu'elle ne craignait plus la mort, c'était lors d'une longue nuit d'hiver. Alors qu'elle se réchauffe près d'une cheminée, avec son amie Anna, dans un appartement abandonné, deux hommes armés de haches font irruption dans le salon.
— Tiens, tiens, lance le premier homme. Regarde le cadeau qu'on nous a laissé.
— Deux belles femmes, réplique le second. Je prends la blonde.
Hélène, terrifiée, conjure les hommes de s’en aller. Ceux-ci ne se soucient guère de sa demande. Alors que le second l'attrape et commence de la dévêtir, Anna dégaine de son fourreau un magnifique katana japonais et transperce le corps du premier. Le second relâche Hélène et se met en rogne. Il frappe alors Anna au visage ; celle-ci tombe à la renverse. Quant à lui, il lâche, par la même occasion, son sabre.
— Espèce de putain, s’écrie l'homme furieux.
Il lui assène de nombreux coups de poing si forts qu'elle finit par perdre la vie. Hélène saisit le katana et le maintient fébrilement à deux mains. L'homme attrape la hache et frappe en direction d'Hélène. Elle se protège avec son épée mais celle-ci, du fait de la force de l'homme, est brisée en deux par la hache qui vient se planter dans l'épaule d'Hélène si profondément qu'elle en perd connaissance. L'homme retire l'arme du corps de sa victime et se rapproche du corps de son ami.
— Allez, lui dit-il, ne me dis pas que cette petite t'a tué !
Quelques secondes plus tard, la blessure d'Hélène se referme ; elle reprend connaissance. Etonnée d'être encore en vie, elle entre en furie quand elle réalise que l'homme est toujours là. De son sabre brisé, elle se jette sur lui et le lui plante dans la nuque. L'homme périt. Hélène reprend son souffle. La voilà désormais seule dans une pièce baignant de sang, au milieu de trois cadavres dont celui de son amie Anna qui ne sera plus là pour lui venir en aide.
Elle doit désormais faire preuve de courage pour survivre dans un monde impitoyable. Elle garde sur elle le sabre brisé de son amie et se jure de ne plus jamais s’en séparer.