La Première Fois
Depuis la fermeture de l'usine à anguilles, la vie au Palais s'est quelque peu dégradée, de quoi rendre la Reine furieuse. Les besoins en électricité de sa demeure sont considérables et couplés à ceux de la capitale. C'en est trop pour l'unique centrale à charbon qui tombe encore plus souvent en surchauffe qu'auparavant. Bien sûr, d'un point de vue politique, elle ne peut se permettre de laisser l'usine en marche tout en continuant à torturer les mutants électriques. La Reine prend donc son mal en patience et peste après Sylbras et sa maudite bande de terroristes. Il faut également qu'elle s'occupe de sa nouvelle invitée. C'est pourquoi elle la fait convoquer sur le champ. Stesara se présente donc devant elle :
— Il paraît que l'humain qui s'est introduit dans ta chambre est ton père, demande la Reine. Est-ce exact ?
— Oui, répond Stesara timidement. Que lui avez-vous fait ?
— Je l'ai emprisonné mais il s'est évadé. Nos gardes sont à ses trousses. J'ai demandé à doubler les effectifs au palais. Il tentera sûrement de venir te chercher. En tout cas, j'ai été clémente la première fois. Sache que si on le retrouve, il mourra immédiatement.
Stesara ne dit rien.
— Ce n'est pas pour ça que je t'ai fais venir, continue Venea. Je t'ai laissée bien trop de temps pour te choisir un géniteur. J'exige que, dès ce soir, tu passes ta première nuit avec un homme. Qui choisis-tu ?
— Mais je...
— Il n'y a pas de « mais », coupe la Reine, en haussant la voix. Choisis dès maintenant ou je te prendrai un homme au hasard ce soir.
— Edward alors, dit la jeune fille paniquée.
— Comme tu voudras, conclut la Reine.
Stesara retourne dans sa chambre et ne la quitte plus. Elle est bien trop anxieuse pour manger ou sortir. La jeune humaine commence à regretter de ne pas avoir écouté son père. La vie au Palais est idyllique pour quelqu'un qui a vécu toute sa vie dans l'ombre d'une grotte. Mais cette vie implique des sacrifices. Stesara n'a jamais eu de relations avec un homme. Cette idée ne lui a même jamais traversé l'esprit. Aujourd'hui, elle doit s'y contraindre.
Après le dîner où Stesara a brillé par son absence, Edward rejoint sa chambre, sans même frapper. Il entre.
— Bonsoir Stesara, dit Edward. Je suis content que tu m'aies choisis, même si je l'admets, le choix a été vite fait.
— Bonsoir Edward, dit la jeune fille, fuyant son regard.
Edward commence à se déshabiller.
— Fais-en de même, lui dit-il. La nuit va être longue.
Stesara, qui ne voyait pas les choses se dérouler ainsi, n'ose pas se déshabiller devant un homme.
— Bien, dit Edward, on dirait que tu as besoin d'aide.
Edward pousse la jeune fille sur le lit et lui retire de force sa robe. Stesara essaie de se débattre mais, sous ses faux airs de jeune éphèbe, ce dernier est en réalité plutôt fort.
— Plus tu te débattras, précise Edward, plus ce sera douloureux. Je sais, les premières fois, c'est toujours un peu bâclé et pas comme on se l'imaginait.
Edward plaque Stesara sur le lit en lui tenant fermement les poignets. Il commence alors à la pénétrer de force mais il a un peu de mal.
— Détends-toi ! Ce n'est pas le moment de décevoir la Reine. Elle est déjà suffisamment remontée comme ça.
Edward approche sa bouche de celle de la jeune fille pour y fourrer sa langue. Stesara la mord alors tellement vigoureusement qu'elle la sectionne en deux. Edward recule, la bouche ensanglantée.
— Salope ! Crie-t-il, en giflant la jeune fille qui sort du lit.
Stesara attrape un chandelier sur la table de chevet et frappe aussi fort qu'elle peut la tête d'Edward qui s'effondre sans un mot. La jeune fille file dans la salle de bain se laver la figure. Le goût de fer qu'elle sent dans sa bouche est insupportable. Une fois propre, elle se rhabille. Mais pas avec sa robe, avec les vêtements qu'elle portait quand elle est arrivée ici, des vêtements beaucoup plus pratiques pour courir.
Stesara passe ensuite par la fenêtre et longe le bâtiment par une corniche. Elle atteint alors du lierre grimpant dont elle se sert pour redescendre. Une fois sur la terre ferme, elle passe discrètement derrière les gardes et se rend vers la grille, la même qu'ont escaladé Hélène et Tollen la veille. La jeune fille s'enfuit aussi rapidement que possible afin de quitter au plus vite ce maudit Palais où elle a bien cru être violée.
Pendant plus d'une heure, Stesara déambule dans les rues de la capitale sans savoir où aller. Il est désormais temps pour elle de s'arrêter et de prendre le temps de se reposer. Elle entre dans un immeuble en ruine et se cache derrière des débris. Elle est enfin à l'abri ; elle ne peut s'empêcher de laisser couler ses larmes. Son corps entier se met à trembler ; elle est alors paniquée, apeurée et désorientée. Que peut-elle bien faire désormais ? Où se trouve son père ? Elle doit le retrouver, il est le seul à pouvoir l'aider.