Prologue
L'humanité a survécu à bien des évènements : pestes, guerres... Mais ce qui arriva ce jour-là fut bien différent. Cet évènement changea fondamentalement les individus et la société à tel point qu'en pas même un siècle, il n'y eut plus rien.
Toutefois, il ne faut pas sous-estimer les hommes et leur faculté à renaître de leurs cendres. Même s'il ne reste plus rien de notre civilisation, même si une grande partie de notre savoir a disparu, l'homme s'adapte.
Près d'un millénaire après notre ère, un nouveau royaume a été bâti sur les ruines de l'ancien monde.
En l'an 175, après la fondation de celui-ci, dans les rues polluées d'une cité jadis flamboyante mais qui peine aujourd'hui à se tenir debout, deux hommes s'avancent en direction d’une taverne dans laquelle un groupe de trois soldats provoque une forte agitation.
— Encore un dépistage, dit d'un ton dépité le plus imposant des deux.
Un soldat s'approche des deux nouveaux visiteurs.
— Tous les citoyens, ne présentant pas de tares visibles, doivent se soumettre au test. Toi, le gros, ça paraît évident que t'es un mutant. Par contre, je vais tester le petit, même si cette couleur de cheveux blancs me fait hésiter.
— Dis, Sylbras, je peux ? demande le grand bonhomme en regardant son compère pour obtenir son approbation.
— Je t'en prie, Iric. Fais-toi plaisir.
Iric frappe alors le soldat d'un puissant coup de poing en pleine figure qui lui fait perdre connaissance immédiatement. Les deux autres soldats arrêtent leur test et accourent vers leur équipier. Ils sortent leur arme et mettent en joue les deux étrangers.
— Plus un geste, crie l'un deux. Vous allez nous suivre au palais.
— Veuillez nous excuser, répond Sylbras en tendant les bras pour demander à être menotté. Nous nous rendons.
Alors que les deux soldats s'approchent afin de maîtriser les perturbateurs, Sylbras pose ses mains sur les épaules des soldats. Ceux-ci ressentent alors une intense brûlure et tombent au sol. Iric attrape les corps des trois soldats et les jettent dehors pendant que Sylbras s'accoude au comptoir où une jeune femme, faisant fi de tout ce qui venait de se passer, regarde un petit téléviseur qui diffuse les nouvelles du palais.
— Ne me dis pas que tu écoutes ces conneries, ironise Sylbras.
— On devrait bientôt y voir ton visage après le grabuge que tu viens de causer, répond-elle.
Le propriétaire de la taverne s'avance vers le fauteur de trouble.
— Sors d'ici tout de suite. Je veux pas d'autres problèmes avec le palais.
— Bien.
Sylbras se retourne alors vers la jeune femme.
— Que dirais-tu de me suivre avant que les renforts n'arrivent ? interroge-t-il.
— Pourquoi ferais-je ça ?
— Si tu es bien qui je pense, tu dois savoir pourquoi, continue-t-il.
Sylbras quitte la taverne, après avoir terminé son verre, suivi rapidement de la femme mystérieuse.
Iric rejoint son ami, accompagné de la jeune femme rousse. Ensemble, ils quittent la rue de la taverne.
— On raconte que tu es les yeux et les oreilles de Queen City, confie Sylbras à son invitée.
— Sais-tu que « Queen », dans l'ancienne langue, veut dire « Reine » ? Toute cette ville est consacrée à la gloire de Venea et à celles qui nous ont dirigés avant elle.
— Pourtant, depuis que le royaume a élu ces vestiges comme capitale, il n'a rien fait. Seul, le palais a été remis en état, pendant que le bas peuple survit péniblement dans ces rues puantes. Mais revenons au présent, es-tu pour ou contre la dictature de Venea ? demande Sylbras.
— Qu'est-ce que cela change ? lui fait-elle en guise de réponse.
— Je veux savoir si la vipère est mon ennemie ou mon alliée.
— La vipère ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu ce surnom débile. Pour répondre à ta question, je ne sers d'intérêts que les miens.
— Alors nous servons le même. Je cherche à renverser le pouvoir. Avec tes talents de voleuse et ton réseau d'informateurs, je suis sûr d’y arriver.
— Tu veux le pouvoir pour régner sur cette ville ?
— Le monde ne s'arrête ni aux frontières de Queen City ni à celles du royaume. Qui sait ce qui se cache au-delà de l'horizon.