Super Mutant

Quelques jours ont passé depuis l'explosion de la fabrique à soldats. Dans le sous-sol de l’hôpital de Sylbras, les membres du Nouvel Ordre pleurent la disparition de leur fidèle allié, Iric. Ils se rappellent les bons moments et trinquent en sa mémoire. Tollen, qui connait Iric depuis moins longtemps que les autres, n'en reste pas moins peiné.

— Iric était quelqu'un de bien, dit Tollen. Son cœur était aussi gros que ses muscles. Il a voué sa vie à une seule cause : la paix.

— Notre combat doit donc continuer, dit Sylbras, afin que le sacrifice de notre ami ne soit pas vain !

Phia, qui s'était absentée quelques instants, revient avec une nouvelle importante :

— Une jeune femme arpente la capitale à la recherche du Quartier Général du Nouvel Ordre. Elle dit qu'elle connaît, je cite, « le paysan aux yeux qui brillent ». Elle est blonde, cheveux longs et elle porte aussi un sabre brisé.

— Pas de doute, dit Tollen, c'est bien Hélène.

— Formidable ! s'écrie Sylbras. Dis à tes hommes de la guider vers toi et amène-la ici.

Phia s’en retourne. La journée s'écoule rapidement jusqu'au début de soirée.

Hélène, qui a passé la journée à écumer les bars à la recherche d'informations sur le Nouvel Ordre, finit par rencontrer Phia qui l'emmène à l’hôpital. Au sous-sol, elle voit de suite Tollen qui s'approche d'elle pour la prendre dans ses bras. Mais Hélène lui donne une grande gifle.

— C'est pour m'avoir jetée de la fenêtre ça ! dit-elle.

— Je suis désolé, s'excuse Tollen, le regard vers le sol.

Hélène le prend alors dans ses bras.

— Je suis tout de même contente de te revoir, s'exclame-t-elle. Même si jamais aucun homme ne s'est permis de me jeter par une fenêtre. Maintenant, quittons ce terrier miteux. J'ai une surprise pour toi.

— Allons, allons, s'approche Sylbras posant une main sur l'épaule de Hélène. Nous te cherchions depuis longtemps ; tu ne vas pas partir de suite.

— Sylbras et le Nouvel Ordre vont m'aider à libérer Stesara, explique Tollen. En échange, ils voulaient te rencontrer pour te proposer de rejoindre leur combat.

— Alors ils se sont servis de toi pour que je trouve ces crétins ? demande Hélène.

— Attention à ce que tu dis, s'énerve Phia.

— C'était sympa de proposer votre aide à mon pote, mais c'est plus nécessaire. Maintenant, on va partir. Alors retire ta main de mon épaule avant que je la découpe.

Sylbras sourit et lâche juste un « Dommage » avant d'irradier complètement Hélène. Tollen crie et s'apprête à prêter main forte à son amie lorsque Phia l'assomme derrière la tête.

Lorsqu'il se réveille, Tollen est emprisonné dans un laboratoire, au sous-sol. Hélène est devant lui, de l'autre côté des barreaux, attachée à un fauteuil. Richan, vêtue d'une blouse blanche et d'un masque, s'apprête à opérer la jeune vagabonde.

— Que fais-tu, Richan ? crie Tollen.

— Je vais prélever de la moelle osseuse à ton amie. Ça tuerait un être normal mais, ne t'inquiète pas, sa mutation la sauvera.

Sylbras entre alors dans la pièce.

— Tu es réveillé, Tollen, lui dit-il. Désolé pour le coup sur la tête. Tu ne nous as pas laissé le choix.

— Ordure, crie Tollen. Je te faisais confiance !

— Tu avais raison, dit Sylbras. Nous ne vous aurions fait aucun mal.

— Tu l'as irradiée !

— Je voulais être sûr qu'elle est bien immortelle. Le fait est qu'elle l'est bien. C'est vraiment incroyable !

— Pourquoi tu ne nous libères pas ?

— Vois-tu, ma mutation est aussi rare et incroyable que celle de ton amie. Grâce à elle et aux talents de Richan, je vais pouvoir m'injecter sa mutation. Cela fera de moi le premier « Super mutant » de ce monde. Son pouvoir combiné au mien, rien ne m'empêchera de prendre la place de la Reine. Je pourrais enfin imposer la paix !

— C'est ça qui t'intéresse depuis le début : son pouvoir. Vous n'avez jamais envisagé de m'aider à libérer ma fille, je suppose.

— En effet, ta fille est humaine. Elle n'a pas sa place dans le monde que je vais créer. Que décides-tu ? Tu restes parmi nous ou tu veux partir ?

— D'après toi ?

— Soit ! C'est dommage mais je te comprends.

Sylbras se tourne alors vers Richan.

— Regarde si tu peux utiliser sa mutation pour créer des lentilles qui nous permettraient de voir la nuit. Une fois que ce sera fait ou si ce n'est pas possible, tue-le.

— Pourriture ! crie Tollen.

— Quant à son amie Hélène, une fois le transfert terminé, je lui proposerai de devenir ma femme. Elle deviendra alors Reine du nouveau royaume et nous régnerons jusqu'à la fin des temps. Seule une immortelle peut devenir ma femme désormais. L'éternité sera longue.

— Tu es en plein délire ! s’exclame Tollen.

— Non, répond Sylbras. Je sais bien qu'elle n'acceptera pas de suite. Mais on a tout notre temps. Elle finira bien par se rendre un jour ou l'autre.

Il donne de nouveau un ordre à Richan.

— Trouve un moyen de la tuer également en étudiant sa mutation. Ça pourra toujours servir.

Sylbras quitte alors la pièce et laisse travailler Richan qui injecte une seringue à l'intérieur de l'os d’Hélène pour prélever sa moelle osseuse. Il la conduit ensuite dans une cellule proche de celle de Tollen et quitte la pièce avec l'échantillon.

Après quelques heures passées seule, Hélène se réveille enfin.

— Hélène ? interpelle Tollen. Tu vas bien ?

— Merde, dit-elle. Je m'étais pas évanoui depuis longtemps.

— Tu as pris une grosse décharge de radiations.

— Je me suis habituée à la douleur depuis le temps. J'ai longtemps cherché un moyen de me tuer : par le feu, la noyade et j'en passe. A force, cela ne faisait plus rien. Mais la douleur que j'ai ressentie, c'est inédit. Tes copains sont vraiment pas cools !

— Je suis vraiment désolé, dit Tollen peiné. C'est à cause de moi si tu es là.

— Dommage qu'on soit au sous-sol sinon tu m'aurais jetée par une fenêtre ?

Hélène se met à rire.

— Bon, raconte, continue-t-elle, ils veulent quoi ?

— Ils t'ont prélevé de la moelle osseuse pour transférer ta mutation à Sylbras. Maintenant, ce dernier compte te prendre pour femme. Moi, il devrait me tuer d'un instant à l'autre.

Hélène est prise d'un fou rire.

— Déjà, récupérer ta fille, c'était fou. Là, on est vraiment dans la merde.

Richan entre de nouveau dans le laboratoire. Il s'avance vers Tollen.

— Sylbras se repose. L'opération s'est bien passée. L'ADN d’ Hélène devrait fusionner avec le sien.

— Tu penses vraiment que j'en ai quelque chose à foutre de son état ? demande Tollen.

Hélène ne dit rien. Elle s’amuse de voir à quel point la situation a mis Tollen sur les nerfs. Richan tend des menottes à Tollen.

— Mets-ça, lui ordonne-t-il.

— Et si je refuse ? répond Tollen.

— Alors je devrais t'endormir.

Tollen met les menottes. Richan vérifie qu'elles sont bien attachées puis ouvre sa cellule. Il l'installe sur le fauteuil, l'attache et lui retire les menottes.

— Oh ! crie Hélène, vous allez lui faire quoi ? Votre gourou veut avoir les yeux qui brillent aussi ?

— Non, répond Richan. C'est trop handicapant. Je vais juste étudier comment fonctionnent ses yeux et voir si je peux fabriquer des lentilles avec les mêmes attributs.

— Finalement, ça te plait non ? demande Tollen.

— Quoi donc ?

— Avec Raven, tu t'amusais à faire des expérimentations sur des mutants, à retirer de l'électricité aux anguilles ou à fabriquer des super soldats. Maintenant, regarde-toi, tu joues avec Hélène et moi.

— Ce n'est pas pareil, répond-il contrarié.

— Oh que si, c'est pareil ! dit Tollen. C'est ton chef qui a juste changé. Avant, tu obéissais aux ordres de Raven ; aujourd'hui à ceux de Sylbras. Mais la finalité est la même : tu fais du tort aux gens.

— Quand Sylbras aura pris le pouvoir, tout changera !

— J'en suis plus si sûr, lui répond-il. Quand Sylbras régnera, la seule différence sera le sort qu'il réservera aux humains sans mutation comme ma fille. Tu l'as entendu. Il a bien dit qu'ils n'avaient pas leur place dans son royaume. Même si Venea ne prête pas attention à son peuple, au moins, elle ne chasse pas les mutants.

Richan se tait suite à ces derniers mots.

— Iric était au courant ? demande Tollen. Je suis sûr qu'il n'aurait jamais laissé Sylbras nous faire du mal.

— Il aurait fini par comprendre lui aussi, répond timidement le scientifique.

— Non, s'emporte Tollen, il n'aurait pas obéi les yeux fermés.

— Et Doc ? s'exclame Hélène depuis sa cellule. Tu ne vois pas que t'es son pantin ? Il a juste besoin de toi pour le rendre plus fort.

— Si j'avais su que tu n'avais pas changé, je t'aurais laissé mourir à la fabrique.

Contre toute attente, Richan ne dit rien, s'approche du corps de Tollen pour le détacher. Il ouvre ensuite la cellule d’Hélène.

— Vous avez raison, dit Richan. Ce n'est pas pour cela que je suis devenu scientifique. Partez vite et loin, tant que Sylbras dort et que Phia fait le tour de ses informateurs.

— On va d'abord lui faire la peau ! crie Hélène.

— C'est trop tard, répond Richan. L’opération a réussi. Il a maintenant tes pouvoirs. On ne peut plus le tuer. J'ai...j'ai fabriqué un monstre...

— On y réfléchira plus tard, dit Tollen. Viens avec nous. Quand Sylbras apprendra que tu nous as libérés, il te tuera.

— Où irons nous ? Phia a des yeux partout dans la capitale.

— C'est pas un problème, dit Hélène. Suivez-moi ; je sais exactement où aller.

Tollen, Richan et Hélène quittent ensemble l’hôpital dans lequel se réfugie le Nouvel Ordre. Il va leur falloir quitter la capitale. Une révolte est sur le point d’éclater maintenant que Sylbras possède l'immortalité.